DE HERRI III. [l578]                         169
qu'on vouloit à ses mignons, qui le possedoient, donna un grand avantage à ceux de Lorraine pour cor­rompre le peuple, et créer et former peu à peu dans le tiers Etat leur party, qui étoit la Ligue, de laquelle ils avoient jetté les fondemens des l'an précédent 1577.
Le lundy 28 d'avril, Charles de Lorraine, duc de Mayenne, fut par le premier président institué au siege de la table de marbre, en signe de prinse de possession de l'admirauté de France que le Roy lui avoit donnée, à la survivance du comte de Villars son beau-père (').
Au commencement de may, le duc de Guise, sur le bruit qui courait à la cour qu'on ne menacoit Antra-guet de rien moins que la mort, s'il avcnoit faute de Quel us, dit tout haut que Antraguet n'avoit fait acte que de gentilhomme et d'homme de bien; et que si pour cela on le vouloit fâcher, son épée, qui coupoit bien, lui en feroit raison. Manda aussi à Antraguet (*) qu'il étoit de ses amis, et qu'il s'en assurât bien.
En ce mois de may, Lavardin (3), à Lucey en Van-domois, tua de sang froid le jeune Randan, qui fai­soit l'amour à la jeune dame de Lucey (4), riche veuve que ledit Lavardin aimoit, pour l'épouser ; et
) Du comte de Villars son beau-père : Honoré de Savoie, marquis de Villars, comte de Tende, etc., fils de René, légitimé de Savoie, et d'Anne Lascaris , fut très-estime sous les quatre derniers règnes de la maison de Valois. Il se distingua a la bataille de Moncontour, où il sauva deux fois le duc d'Anjou. Après la mort de Coligny, il fut fait maréchal et amiral de France. — (-) Manda aussi à Antra­guet: U étoit frère puiné de François de Balsac d'Entragues ; ce qui le fit appeler Antraguet dans sa première jeunesse. — (3) Lavardin : Jean de Beaumanoir, troisième du nom, marquis de Lavardin, fils de Charles de Beaumanoir. — (4) Lucey : Jeanne de Coesmes, dame de Lucey, veuve de Louis de Montafié. Elle épousa en secondes noces, en 158», François de Bourbon, prince de Conti.
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